dinsdag 15 februari 2022

Qui a tué mon père - Édouard Louis (2018)

 

(NL: Ze hebben mijn vader vermoord, ENG: Who Killed My Father) 

Cela faisait un bon moment que je n'avais plus lu un livre d'un auteur français, mais dans le contexte des élections présidentielles françaises de cette année, j'avais envie de réessayer avec ce livre d’Édouard Louis - pseudonime de Eddy Bellegueule. Après Michel Houellebecq, la littérature française a un nouvel enfant terrible parait-il, quelqu’un qui décrit parfaitement la fracture actuelle dans la société française.

Le parisien qui a 29 ans entretemps, n’avait pas raté son début en 2014 avec “En finir avec Eddy Bellegueule” dans lequel il raconte sa jeunesse marquée par l'humiliation, l'abus d'alcool et les bagarres dans un milieu ouvrier du nord de la France, où son homosexualité était dure à vivre. L'auteur est un écrivain célèbre maintenant et il semble y avoir peu de choses pour encore le lier à son père violent. Pourtant, Louis ne peut pas se séparer de l'homme qui a été horrifié par l'homosexualité de son fils. Pour son troisième ouvrage, l'auteur fouille dans l'histoire familiale et établit comment la pauvreté mène souvent à encore plus de pauvreté.

Dans “Qui a tué mon père”, l'auteur retourne dans le Nord de son enfance pour rendre une sorte d'hommage à son père. Louis se rappelle des bons souvenirs de sa terrible enfance: l'époque où le père Bellegueule parlait avec éloge de l'intelligence de son fils à un instituteur, le jour où il l'a défendu au commissariat et contre les policiers en déclarant qu'il était fier de lui, et d'une fois il a dépensé une fortune pour offrir à son garçon un joli cadeau d'anniversaire. Les insultes et humiliations que ce macho alcoolique, homophobe et xénophobe a infligées au jeune Eddy n'ont pas été oubliées, mais apparemment pardonnées. Après tout, le pauvre homme ne pouvait pas s'en empêcher non plus. Le misérable n'a jamais poursuivi son éducation, parce que les vrais hommes ne faisaient pas ça: « La virilité vous a condamné à la pauvreté, au manque d'argent. Aversion pour l'homosexualité = pauvreté ». Le père Bellegueule est, en somme, un prisonnier de sa classe sociale et une victime sans défense du système qui écrase invariablement les plus faibles.

La politique, écrit l'auteur, est la distinction entre les populations qui sont soutenues, encouragées et protégées, et celles qui sont exposées à la mort, à la persécution et au meurtre. Son père appartient à ce dernier type, « la catégorie des personnes qui, selon la politique, meurent prématurément ». Son dos a été brisé dans un accident de travail à l'usine et depuis lors, le travailleur acharné s'est transformé en un tas de misère. Ce n'est pas la faute de l'usine, mais des hommes politiques, selon Louis: "Jacques Chirac et Xavier Bertrand vous ont détruit les entrailles", "Nicolas Sarkozy et Martin Hirsh vous ont cassé le dos", "Hollande, Valls et El Khomri vous ont étouffé' et 'Emmanuel Macron vous arrache le pain de la bouche'. Avec leurs politiques antisociales, ces politiciens ont détruit la vie de son père : "Ce sont des meurtriers qui ne sont jamais associés aux meurtres qu'ils ont commis." Pour la classe dirigeante, la politique est plutôt une question « esthétique », alors que pour les outsiders, c'est une question de vie ou de mort. Accuser le président de meurtre n'est pas une mince affaire, mais Emmanuel Macron ne s'en est pas offusqué. Le livret a été lu attentivement à l'Elysée et aurait même été apprécié. Bien joué.

Le livret, qui pour info compte à peine 80 pages (5 euro!), est un pamphlet, mais – avouons le quand même - peu littéraire. L'auteur lui-même le dit : « ce que j'écris, ce que je dis, ne répond pas aux exigences littéraires, mais à celles de la nécessité, du feu ». Dans le feu de l'argumentation, il ne craint pas les raisonnements simplistes, presque caricaturaux. L'homophobie est-elle vraiment synonyme de pauvreté? Le monde est-il responsable de la consommation excessive d'alcool de son père ? Il ne faut pas s'attendre à des arguments convaincants ou à des preuves concluantes de la part d'Édouard Louis. 

Son premier roman semble d'avoir été un uppercut littéraire. En comparaison, ce maigre "J'accuse" n'est qu'une tentative ratée. L'un des livres les plus ennuyeux que je n'ai jamais lu. Je crains qu'il me faille du temps avant de m'aventurer encore une fois dans un auteur français. Je termine avec un petit conseil pour Édouard Louis lui-même : toujours écrire des romans autobiographiques fait preuve de peu d'imagination. Fais de la politique ou écris un roman plus léger. (entre-temps, il a déjà écrit cinq livres autobiographiques, d'ailleurs)